Christopher Nolan, connu pour ses scénarios complexes et déconcertants, a laissé une empreinte indélébile à Hollywood avec ses films aux intrigues sophistiquées. Bien avant de nous troubler avec "Tenet", Nolan nous a présenté en 2000 "Memento", un thriller néo-noir cérébral qui continue de susciter l'interrogation des spectateurs même 24 ans après sa sortie.
Sommaire
- Un Puzzle Narratif Inédit
- Deux Chronologies pour Une Immersion Complète
- Le Système de Polaroids et de Tatouages
- L'Utilisation du Noir et Blanc et de la Couleur
- Le Mystère de Sammy Jankis
- La Véritable Destinée de la Femme de Leonard
Un Puzzle Narratif Inédit
"Memento", adapté d'une histoire de Jonathan Nolan, frère de Christopher, suit les mésaventures de Leonard Shelby (Guy Pearce), un ancien enquêteur en assurances souffrant d'amnésie antérograde, ce qui l'empêche de former de nouveaux souvenirs. Pour traquer celui qui a attaqué sa femme et lui-même, Leonard utilise des Polaroids et des tatouages comme rappels et indices. Mais la véritable singularité de "Memento" réside dans sa structure narrative audacieuse : une combinaison de séquences en couleur racontées à l'envers et de scènes en noir et blanc déroulées de manière linéaire.
Deux Chronologies pour Une Immersion Complète
La décision de Nolan d'utiliser deux lignes temporelles distinctes permet de recréer l'expérience de Leonard pour le spectateur. La chronologie en couleur reflète l'incapacité de Leonard à former de nouveaux souvenirs, plongeant le spectateur dans un processus constant de découverte et de confusion. En débutant le film par la fin — Leonard tuant Teddy (Joe Pantoliano) — et en dévoilant progressivement les événements antérieurs, Nolan met le spectateur dans la peau de Leonard, démuni et désorienté.
Le Système de Polaroids et de Tatouages
Pour compenser sa mémoire défaillante, Leonard s'appuie sur des Polaroids et des tatouages. Les photos lui rappellent ses amis, son lieu de résidence et sa voiture, tandis que ses tatouages lui fournissent des indices cruciaux pour retrouver le meurtrier de sa femme. Cependant, ce système se révèle précaire et sujet à manipulation, y compris par Leonard lui-même, soulignant ainsi la fragilité de ses souvenirs et de sa quête de vérité.
L'Utilisation du Noir et Blanc et de la Couleur
L'alternance entre le noir et blanc et la couleur dans "Memento" n'est pas un simple choix esthétique, mais une technique narrative cruciale. Les scènes en couleur se déroulent à rebours, chaque nouvelle scène précédant la précédente, tandis que les scènes en noir et blanc progressent chronologiquement. Cette juxtaposition vise à immerger le spectateur dans la confusion de Leonard. À la fin du film, ces deux lignes temporelles convergent, symbolisées par une photo Polaroid qui passe du noir et blanc à la couleur, marquant la jonction des deux chronologies.
Le Mystère de Sammy Jankis
Un élément central de "Memento" est le récit de Sammy Jankis, un homme souffrant de la même condition que Leonard. Leonard se souvient de Sammy comme d’un ancien cas qu'il a étudié lorsqu’il était enquêteur en assurances. La tragédie de Sammy, dont la femme est morte d’une surdose d'insuline, sert initialement de mise en garde pour Leonard. Cependant, il est révélé que Sammy pourrait ne jamais avoir existé et que son histoire pourrait en réalité être celle de Leonard, altérée pour lui permettre de supporter la culpabilité de la mort de sa propre femme.
La Véritable Destinée de la Femme de Leonard
L'un des retournements les plus marquants de "Memento" est la révélation que Leonard a déjà tué l'homme responsable de la mort de sa femme un an avant les événements du film. Teddy suggère également que l'histoire de Sammy est en fait celle de Leonard et que c'est Leonard qui a accidentellement tué sa femme par surdose d'insuline. Cette révélation remet en question la fiabilité des souvenirs de Leonard et laisse planer le doute sur la véritable destinée de sa femme.
Même après 24 ans, "Memento" reste un chef-d'œuvre de complexité narrative. Christopher Nolan a non seulement défié les conventions du récit cinématographique, mais a également créé une expérience immersive qui continue de captiver et de dérouter les spectateurs. La compréhension complète de "Memento" nécessite une attention minutieuse et une volonté de plonger dans les méandres de la mémoire et de l'identité. C’est cette profondeur et cette ambiguïté qui font de "Memento" un film intemporel, incitant les spectateurs à revisiter ses mystères encore et encore.