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18 nov. 2015, 12:07283
Elles sont là, enfin… Après plus de deux ans d’attente, les Steam Machine ont débarqué la semaine dernière dans les salons du monde entier…Encore que… Non, pas tout à fait… Pour être précis, elles ont plutôt débarqué dans les rayons des boutiques du monde entier. Pas sûr en revanche, qu’elles réussissent de là, à se frayer un chemin sous nos TV.
Gabe Newell les avait annoncées il y a plus de deux ans, et après maints effets d’annonces, et quelques longs silences, les Steam Machines sont finalement là, en châssis et en composants. Plus concrètement, trois modèles sont actuellement mis en avant sur le portail Steam, parmi lesquels deux seulement, sont vraiment disponibles. A cela, il faut ajouter une quatrième référence, celle commercialisée par le site Materiel.net mais non mentionnée. Comme on pouvait s’y attendre, il est assez difficile de s’y retrouver en première lecture, la plateforme de Valve n’offrant par ailleurs que très peu d’informations tarifaires ou techniques.
ZOTAC NEN STEAM MACHINE
ALIENWARE STEAM MACHINE
Core i5-6400T
De Core i3-4170T à Core i7-4785T
8 Go de RAM
De 4 à 8 Go de RAM
GeForce GTX 960
GeForce GTX 960M
HDD 1 To
HDD 1 To
WiFi 802.11ac, Bluetooth 4.0
WiFi 802.11ac, Bluetooth 4.0
4xUSB, 1xRJ45, 1xHDMI 2.0, 1 lecteur de cartes SD
4xUSB, 1xRJ45, 1xHDMI 1.4
1100€
De 599 à 939€
Materiel.net Steam Machine
Core i5 4460
8 Go de RAM
GeForce GTX 960
HDD 1 To
WiFi 802.11ac, Bluetooth 4.0
8xUSB, 1xRJ45, 2xDVI, 1xHDMI 2.0, 1 DP
799€
Et sur les sites partenaires, qu’il faut de toute façon parcourir si l’on veut passer commande, les choses ne sont pas moins surprenantes : par exemple, Materiel.net donne des indications de benchmarks pour sa propre Steam Machine sur des jeux qui ne peuvent pas tourner en local sur SteamOS (Batman Arkham Origins, Tomb Raider). Des détails, nous direz-vous, mais disons que pour une offre destinée au grand public, l'ensemble ne brille pas vraiment par sa cohérence.
Cependant, une question plus importante reste à poser : cette expérience Steam Machine, maintenant qu’elle est officiellement commercialisée, est-elle à la hauteur des attentes ? Nous n’avons pas encore pu nous frotter à l’un des modèles de PC décrits ci-dessus, mais nous avons pu, d’une part, monter notre propre PC équipé de la dernière version de SteamOS, et d’autre part, nous essayer au fameux Steam Controller, lors d’une session d’essais organisée par le fabricant Alienware. Et pour commencer sur ce dernier aspect, si nous avions déjà des doutes quant au concept global des Steam Machines tel qu’il a été construit, ce ne sont clairement pas les choix de design de ce périphérique, pourtant au centre de l’expérience voulue par Valve, qui vont nous faire changer d’avis.
En l’état, le Steam Controller est, disons-le franchement, une grosse déception. Dans sa construction, pour commencer, comment accepter un ajustement des différentes parties de la coque qui soit aussi peu qualitatif ? Dès la prise en main, on sent clairement les lignes de joints sur chaque poignée, de même que le ressenti procuré par les quatre gâchettes est à des lieux de celui offert par les pads officiels de Sony ou Microsoft. Dans le même esprit, les deux zones circulaires présentes sur le périphérique, l’une remplaçant la classique croix directionnelle, l’autre servant de surface tactile avec retour haptique, ne sont pas particulièrement agréables à l’usage, au moins lorsqu’elles sont utilisées en pression. Lorsque l’on passe en mode souris dans le cas de la surface tactile, les choses s’améliorent certes un peu, mais on ne peut s’empêcher de continuer de s’interroger sur la réelle faisabilité d’une manette dont l’objectif était de pouvoir s’adapter à tous les types de gameplays.
Par exemple, pour naviguer sur Cities Skylines, impossible de trouver un compromis acceptable entre sensibilité et précision. On ne dit pas qu’il n’y a pas d’espoir avec plus de pratique, d’autant que les icônes de Cities ne sont pas les plus larges du monde, mais le sentiment reste contrasté. Sur un tout autre genre, BroForce, le problème est différent : le stick analogique est efficace, mais pour compenser la place que prend la surface tactile, Valve a dû réduire la taille des boutons ABXY… jusqu’à les rendre difficiles à trouver. Là encore, ça passera peut-être avec la force de l’habitude, mais après une heure d’essai, les erreurs de manipulation à ce niveau étaient encore très régulières. Finalement, à notre grande surprise, seule l’expérience d’un FPS comme Borderlands The Pre-Sequel nous aura donné quelques espoirs : l’utilisation de la zone tactile pour gérer la visée nous a paru à la fois naturelle et précise… Il est vrai qu’à notre décharge, l’utilisation d’un stick nous a toujours semblé être une hérésie. Enfin, signalons que les palettes situées sous le périphérique demeurent pratiques et font le job, sans plus.
A gauche, l'écran d'accueil Big Picture ; à droite, la nouvelle version dessinée pour SteamOS
Évidemment, ce ne sont là que de premières impressions, relevées sur une session d’un peu moins d’une heure trente, et qui mériteront donc d’être confirmées, d'autant que Valve propose aux utilisateurs de créer puis de publier des profils personnalisés pour chaque jeu, mais disons qu’un retournement de situation radical parait malgré tout peu probable… Par ailleurs, si le pad était le seul obstacle à la réussite des Steam Machine, un espoir serait permis… Mais ce n’est pas le cas : derrière les soucis évoqués ci-dessus, il y aussi ceux d’un système d’exploitation, SteamOS, qui dans sa version « finale » ou 2.0, continue de cumuler les lacunes. L’interface a pourtant été entièrement revue depuis nos précédents essais. De même que l’organisation des contenus parait plus claire, et que les options de paramétrages de la manette Steam sont légion. Enfin, les fonctions de streaming de jeu via un second PC sous Windows 8.1 ne nous ont pas posé de problèmes particuliers (à partir du moment où les options graphiques étaient correctement configurées… Un changement de résolution sur Styx, par exemple, a fait planter le Stream). Il faut toutefois noter que notre mètre étalon en matière d’expérience de streaming, Monsieur Bogard, a jugé l’expérience insatisfaisante pour un joueur exigeant en raison du lag et des pertes de frames engendrées par le processus de Stream (en comparaison et dans les mêmes conditions, la Shield TV s’était montrée beaucoup plus convaincante).
Le système fonctionne, donc, mais il lui manque toujours l’essentiel : un line-up digne de ce nom avec de vrais triple A récents, par exemple (sur les 274 titres que comprend notre bibliothèque, seuls 89 sont réellement compatibles SteamOS, et pouvaient être installés en local). Ou l’intégration d’une vraie plateforme multimédia qui puisse gérer musiques, photos et vidéos. On regrettera aussi l’absence d’un explorateur de fichiers (il faut repasser par le bureau Linux pour y avoir droit). Enfin, il faudrait des performances en jeu qui soient au minimum équivalentes à celles que l’on obtient sous Windows, ce qui est encore loin d’être le cas, comme l’ont montré de récents articles de nos confrères des sites Phoronix ou Ars Technica. Évidemment, les Steam machines seraient commercialisées sous la barre des 200€ contrôleur inclus, on pourrait se montrer plus indulgent… Mais pour des PC vendus au minimum 600€, on est loin, très loin du compte…
Au final, le lancement officiel de ces nouvelles consoles de salon n’aura pas changé notre opinion sur elles : sans doute pleines de bonnes intentions (comme celle de vouloir offrir une alternative à l’ultra dominant Windows pour les applications vidéoludiques), elles sont trop chères, et trop peu fonctionnelles, pour pouvoir séduire les joueurs, notamment lorsqu’elles sont mises en face de produits comme la Shield TV, autrement plus sexy, polyvalente, et financièrement accessible. Un avis que ne semble pas loin de partager les partenaires de Valve, puisque sur la douzaine de constructeurs annoncés pour le lancement, seuls 3 ont finalement répondu présents. Terminons en précisant que nous n’avons pas, pour le moment, pu tester de boitier Steam Link, qui correspond à une offre qui sort un peu du cadre des Steam Machine, mais pas d’inquiétude : nous vous livrerons nos impressions sur ce dernier produit dès que possible.
Pour aller plus loin :
> Notre dossier sur la guerre des OS de salon
> Nos impressions sur la console Shield TV